Quelle vérité derrière le Mornaguia Break

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L’affaire a secoué la Tunisie pendant une semaine. Les cinq terroristes qui se sont enfouis depuis le 31 octobre de la Mornaguia ont finalement été arrêtés ce matin à l’aube.

En à peine quelques jours, entre dimanche et aujourd’hui à l’aube, les cinq terroristes reviennent enfin là où ils devraient être. Tous les observateurs ont été unanimes aujourd’hui pour saluer ce « succès » sécuritaire. Oui, les sécuritaires ont bien fait leur travail, mais qu’adviendra-t-il après ?

« Il ne s’agit pas d’une évasion, on les a fait fuir » déclarait le chef de l’État le 1er novembre réagissant au « Mornaguia Break ». Kaïs Saïed a pointé du doigt « une opération préparée depuis des mois » et « des défaillances » derrière lesquelles se cachent des parties à l’intérieur, mais aussi à l’étranger.

Ce que l’on sait pour l’instant, c’est que le premier des fugitifs, Ahmed Melki – alias Al Somali– a été arrêté dimanche à la cité Ettadhamen, grâce à l’aide des citoyens. Les quatre autres viennent d’être capturés ce matin vers 5h du matin. Mais ce succès sécuritaire ne fera pas pour autant taire le flot de questions qui se posent depuis des jours.

Si l’appareil sécuritaire a été capable d’une telle prouesse, en arrêtant en une semaine – et en vie – cinq terroristes, comment a-t-il pu les laisser fuir d’une des prisons les plus sécurisées du pays ? Comment l’appareil sécuritaire a-t-il pu boucler cette arrestation quelques heures à peine après que le chef de l’État – dans une entrevue avec son ministre de l’Intérieur, son directeur général de la sûreté nationale, et son directeur général commandant de la Garde nationale – a appelé « à intensifier les patrouilles » ? Suffisait-il de ça pour mettre fin à la plus grande fuite pénitentiaire de l’histoire du pays ?

Le timing de ces arrestations ne fait que poser davantage d’interrogations. Comment, concrètement, les cinq fugitifs ont-ils pu quitter la prison sans être inquiétés ? Comment ont-ils pu préparer leur fugue « pendant des mois » ? Comment ont-ils pu braver les dispositifs sécuritaires renforcés mis en place ? Comment ont-ils pu défier la logique et les explications de ceux qui ont construit ces dispositifs sécuritaires ? Quelles sont les parties qui sont derrière, de l’intérieur ou de l’extérieur du pays ? Quels sont leurs intérêts et quels enjeux servent-elles ? Et quel pouvoir ont ces parties, dont parle le Président, à l’intérieur de notre pays ? Si les fugitifs ont été aidés à fuir par des forces étrangères, pourquoi ont-ils été, par la suite, livrés à eux-mêmes, obligés de braquer une banque pour s’approvisionner et de se cacher dans les montagnes ?

Répondre à ces questions permettrait non seulement de comprendre le mystère derrière cette importante fuite, mais aussi d’anticiper les enjeux géopolitiques qui y seraient liés. Il est d’ailleurs intéressant de remarquer que les supposées forces étrangères – si toutefois elles existent – utilisent le terrorisme pour faire vaciller l’État tunisien. Y-a-il eu, depuis la révolution, une volonté étrangère de faire de la Tunisie un berceau exportateur de terroristes ? A quel point ce plan a-t-il porté ses fruits ?

Deux images s’affrontent ici et poussent le flou à son comble : celle d’un État fort et capable de mener en un temps record des opérations sécuritaires aptes à arrêter cinq fugitifs dangereux en seulement quelques jours. Mais aussi l’image d’un État poreux qui permet à des forces étrangères d’infiltrer l’institution sécuritaire afin de lui porter atteinte de l’intérieur.

Le Mornaguia Break est-il « un incident isolé et inédit qui ne se reproduira plus » comme l’a déclaré le porte-parole du Comité général des prisons et de la rééducation, ou est-ce un complot « visant à porter atteinte à l’État » comme le clame le Président ?

 

Une chose est sûre, cette fuite, encore floue, ne devrait pas disparaitre aussi vite qu’elle n’est parue. Elle ne devrait pas connaitre le même sort que les assassinats politiques, les supposées tentatives d’assassinat du Président (?), la lettre empoisonnée de Carthage (?), le tunnel sous la résidence de  l’ambassadeur de France à Tunis et plusieurs autres histoires encore entourées de mystère aujourd’hui.

Une information importante a été communiquée par les cadres sécuritaires à la presse ce matin : « nous avons tenu à les capturer vivants », afin de pouvoir les interroger. Quand livreront-ils leurs secrets ? Et, surtout, quand ces secrets nous seront-ils communiqués ?

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