Hatem Mliki : le conflit concernant la loi sur la normalisation est purement politique !
L’ancien élu et expert en gouvernance et développement régional, Hatem Mliki, est revenu, ce mercredi 15 novembre 2023, sur la polémique suscitée par le débat concernant la proposition de loi sur la criminalisation de la normalisation.
Au micro de Wassim Ben Larbi dans l’émission Expresso sur Express Fm, l’ancien élu a souligné que la position du peuple tunisien sur la question palestinienne est cohérente et immuable et que la cause palestinienne a de tout temps été portée par les Tunisiens.
« Ce qui se passe aujourd’hui entre dans la surenchère politique du processus du 25-juillet et ses soutiens. Il n’y a aucun différend chez le peuple concernant la position commune sur cette question, le reste n’est que problèmes internes au sein du régime politique actuel. Que cette loi passe ou pas dépend seulement des équilibres de forces au sein même du processus du 25-juillet. Le conflit est interne (…) aider les Palestiniens c’est se concentrer aujourd’hui sur l’action de notre diplomatie, de la société civile, les Palestiniens ont besoin de documenter les crimes, de recourir à la Cour pénale internationale, que le poste frontière de Rafah soit ouvert pour acheminer les aides et qu’un cessez-le-feu soit décrété. Ce qui se passe actuellement n’est que règlement de comptes au sein du processus du 25-juillet, ni plus, ni moins » a-t-il affirmé.
On rappellera que la plénière du 2 novembre consacrée à la discussion et au vote de la proposition de loi sur la criminalisation de la normalisation avec Israël a été ponctuée par des perturbations dues à des différends entre le président du Parlement Brahim Bouderbala et certains députés. M. Bouderbala avait levé la plénière après avoir informé les députés des réserves émises par le président de la République.
Les députés à l’origine de la proposition de loi sur la criminalisation de la normalisation ont fait pression au sein de l’Assemblée pour accélérer l’examen de ladite loi et l’adopter dans la précipitation alors que les bombardements israéliens dans la bande de Gaza s’intensifiaient. D’autres ont estimé que la proposition de loi était vague et donc « dangereuse » et que des consultations avec d’autres parties prenantes, dont le ministère des Affaires étrangères, étaient indispensables lors de son élaboration, chose qui n’a pas été faite.
Selon des députés, si les discussions au Parlement sur la proposition de loi sur la criminalisation de la normalisation se trouvent aujourd’hui bloquées c’est à cause du président du Parlement, Brahim Bouderbala qui « a cédé aux pressions américaines ».
Le rapporteur de la Commission parlementaire des droits et libertés, Mohamed Ali, a affirmé que les États-Unis ont menacé la Tunisie de sanctions économiques et militaires si une telle loi venait à être adoptée. Il a indiqué que l’ambassade des États-Unis en Tunisie avait formulé ses menaces dans une correspondance envoyée au ministère des Affaires étrangères.
Selon la même source, le président du Parlement a évoqué ces menaces à plusieurs reprises pour expliquer son opposition à la proposition de loi sur la criminalisation de la normalisation avec Israël et pour faire peur aux élus.
M.B.Z