Tunisie : Tout endettement a un coût !

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En l’absence de financements extérieurs, notamment de la part du FMI, l’Etat tunisien s’est tourné vers les banques de la place pour payer ses dépenses. Cela a un prix.

Tout endettement a un coût. Dans notre propos, il n’est pas question du taux  d’intérêt que paie un particulier ou une entreprise quand elle contracte un crédit.

Quand c’est l’Etat ou les entreprises publiques qui se « ressourcent » auprès des banques,  le coût dépasse le cadre restreint du loyer de l’argent (taux d’intérêt) que ces institutions paient. Cela englobe les dommages collatéraux sur toute l’économie générés par l’assèchement des actifs des banques.

Des montants qui font froid dans le dos

Les chiffres recueillis dans le dernier rapport de la BCT donnent, à bien des égards, le tournis. Les dettes de l’Etat et des entreprises publiques auprès des banques ont atteint, à fin septembre 2023, 33,4 milliards de dinars. Cela correspond, d’après l’institut d’émission, à un ratio de 21% des actifs du secteur bancaire.

A lui seul, le secteur public est endetté à raison de 18,9 milliards de dinars, soit environ 33% des actifs des banques publiques, des financements qui proviennent, cela va de soi, des dépôts des clients et du refinancement.

Financièrement parlant, qu’est-ce que cette opération d’assèchement va créer ? Evidemment, une pression sur les liquidités des banques. Cela va entraîner, mécaniquement, une hausse du loyer de l’argent (taux d’intérêt), ce qui impactera, par conséquent le volume des investissements.

Moins d’argent investi, ça veut dire moins de consommation privée (celle des ménages) et moins de consommation publique (celle des entreprises de l’Etat). Résultat : arrêt de la croissance voire son déclin.

Cela sans compter le coût porté à la valeur du dinar. A un dinar faible correspondra, en effet, des importations plus chères et un creusement du déficit de la balance commerciale.

Mort lente !

Si l’Etat a réussi, à fin octobre, à honorer 81% de sa dette extérieure de 2023, rien ne dit que cette rigueur va être tenue en 2024.

La question ne tient pas compte uniquement des transferts de fonds de la diaspora et des recettes touristiques qui nous ont permis en 2023 de tenir le choc. Ces deux ressources vont certainement continuer à nous pourvoir en devises en 2024.

Le problème, qui n’est pas nouveau à vrai dire, que nous risquons de confronter davantage, l’année prochaine a trait à la hausse des prix des matières premières importées, des produits de consommation, mais aussi des produits semi-finis indispensables pour notre industrie.

Si ces types de produits viendront à manquer, on ne parlera pas, dans ce cas de figure, de simple assèchement d’actifs (banquiers), mais de mort lente pour notre économie.

Chahir CHAKROUN

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