Le tout nouveau Premier ministre, lors de son passage à l’Agriculture à la fin des années 2000, s’était fermement opposé à une proposition de l’UE : autoriser le mélange de vin blanc et rouge pour produire du rosé.
L’histoire ne dit pas si Michel Barnier, 73 ans, est un authentique amateur de vin. Ce qui est sûr, en revanche, c’est que celui qui a été nommé par Emmanuel Macron pour succéder à Gabriel Attal en tant que Premier ministre n’hésite pas à monter au créneau pour défendre la cause bachique. «Je me battrai pour préserver l’identité des vins européens», avait-il déclaré peu de temps après avoir été investi ministre de l’Agriculture, un poste qu’il aura occupé deux ans durant, entre juin 2007 et juin 2009. En juillet 2007, Bruxelles entend réformer les pratiques viticoles à l’échelle européenne, sous l’effet, à l’époque, de la concurrence accrue des vins du «Nouveau Monde» (États-Unis, Australie, Nouvelle-Zélande…). Au programme : suppression du procédé de distillation autorisant les vignerons à revendre les stocks invendus à destination de l’industrie des spiritueux, arrachage jusqu’à 400 000 hectares de vignes, plus de souplesse au niveau de l’étiquetage des bouteilles, avec de potentielles dérives…
Un texte présenté par la Commission européenne qualifié de «folie libérale» par Michel Barnier, qui s’y était donc fermement opposé dès son premier Conseil des ministres en tant que ministre de l’Agriculture. Résultat, en décembre, un compromis est trouvé sous l’effet des pressions conjointes de la France, de l’Italie et de l’Espagne, avec un texte largement revu et adouci. « Avec ce nouveau cadre commun, on va pouvoir garder nos différences et en même temps se moderniser« , s’était réjoui Michel Barnier.
Les bouteilles de rosé offertes par Michel Barnier
Deux ans plus tard, la Commission européenne avait fait valoir son souhait de simplifier le mode de production du vin rosé, en autorisant les producteurs à mélanger du rouge et du blanc. Toujours dans l’optique de faire face à la concurrence américaine et australienne notamment, pays où cette pratique est parfaitement légale. Cela « pourrait remettre en cause l’équilibre économique de la filière des vins rosés« , selon Michel Barnier, qui avait fait plier Bruxelles.
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Un statu quo qui avait réjoui les producteurs provençaux de vins rosés, déterminés à préserver la méthode traditionnelle consistant à faire macérer brièvement des raisins rouges pour obtenir le nectar rosé. Et un combat gagné par le désormais nouveau Premier ministre, non sans quelques filouteries. Pour inciter ses homologues européens à le suivre dans son combat, Michel Barnier leur avait offert à chacun deux bouteilles de vin rosé français, fabriqué, donc, selon la «vraie» méthode. Le cadeau avait aussi fini sur le bureau de la commissaire européenne à l’Agriculture de l’époque, Mariann Fischer Boel, instigatrice de la réforme contestée par la France.
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