Cognac et armagnac : quelles différences entre ces deux célèbres eaux-de-vie de vin ?

De prime abord, l’amalgame de ressemblance entre le cognac et l’armagnac est facile, mais ces deux eaux-de-vie de vin n’ont en réalité pas tant en commun. De leurs régions de production à leurs méthodes de fabrication, voici les grandes différences entre deux alcools français de renoms.

Terroirs et cépages

Cognac : produit au nord de Bordeaux sur un terroir (86 182 hectares) qui comprend la Charente, la Charente-Maritime et quelques communes de Dordogne et des Deux Sèvres. Le sol est argilo-calcaire, le climat doux et océanique. Six crus bénéficient de l’appellation : la Grande Champagne, la Petite Champagne, le Fine Champagne (un assemblage des deux régions précitées), les Borderies, les Fins Bois et les Bois. L’encépagement est constitué d’ugni blanc à 98 %.

Armagnac : le Gers, les Landes et le Lot-et-Garonne accueillent 5 300 hectares de vignes dévolues à la production d’armagnac. Le climat, généralement doux et tempéré, varie selon leur localisation : océanique à l’ouest et méditerranéen à l’est. Idem pour les sols qui peuvent être sablolimoneux ou argilo-calcaires. Trois crus sont répertoriés : le Bas-Armagnac (autour d’Eauze), l’Armagnac-Ténarèze (Condom) et le Haut-Armagnac (Auch). Dix cépages sont autorisés par l’appellation : outre l’ugni blanc, la folle blanche, le baco, le colombard rentrent dans les assemblages et des cépages anciens reviennent, à l’instar du plant de graisse, de la clairette de Gascogne ou du mauzac…

La distillation

Cognac : la double distillation est obligatoire en alambic à repasse en cuivre. Deux particularités : la législation impose une chauffe directe à flamme nue, généralement par des brûleurs à gaz et un condenseur à serpentin est obligatoire, une spécificité propre à l’«alambic charentais». À l’issue du processus, le titre alcoométrique volumique autorisé est de 73,7%.

Armagnac : l’alambic à repasse est très rare, même s’il est autorisé. Les producteurs lui préfèrent l’alambic continu, chauffé au bois et dont la très courte colonne comporte peu de plateaux. À la sortie, le spiritueux affiche un taux d’alcool qui oscille entre 52 et 60 %.

Le vieillissement

Cognac : d’une durée de deux ans minimum et réalisé exclusivement sous récipients de bois de chêne – Pédonculé ou Sessile – provenant des forêts du Tronçais et du Limousin.

Armagnac : d’une durée d’un an minimum, dans des fûts de chêne locaux d’une contenance de 420 litres (des «pièces»).

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Derrière l’étiquette

Cognac : les mentions VS, VSOP, XO et XXO (depuis 2018) indiquent l’âge minimum du plus jeune spiritueux de l’assemblage. VS (Very Special) : 2 ans. VSOP (Very Superior Old Pale) : 4 ans. XO (Extra Old): 10 ans. XXO : 14 ans. Lorsque la zone de production est indiquée, seuls des raisins récoltés dans la région ont été utilisés.

Armagnac : les mentions d’âge sont identiques à l’exception du VS qui est d’1 an. Et le XXO est remplacé par le Hors d’âge dont la plus jeune eau-de-vie doit afficher plus de 10 ans. En revanche, les armagnacs millésimés sont fréquents (contrairement à Cognac). Dans ce cas, les raisins ont tous été récoltés la même année. Particularités propres au terroir: l’AOC (depuis 2005) Blanche Armagnac non élevée sous bois. Aucun équivalent n’existe à Cognac. Et la production de monocépages comme la folle blanche.

David contre Goliath ?

Cognac : il performe à l’export, aux États-Unis et en Chine notamment. Plus de 212,5 millions de bouteilles exportées en 2022 dans plus de 150 pays. Mais les envois ont chuté de 22,2 % en 2023, sur les marchés leaders notamment.

Armagnac : 1,56 million de bouteilles ont été vendues dans 117 pays étrangers en 2022 (+ 5 % depuis 2019) contre 1,33 million en France (+ 4,4 % depuis 2019).