Bernard Magrez est un acteur-clé du Bordelais, visionnaire dans le vin de table comme dans celui de la gastronomie. Sa parole a du poids, à la hauteur de son empire. Il possède quarante vignobles dans huit pays. Il comprend aussi bien l’acheteur d’une bouteille à 5 euros en supermarché que le convive d’un restaurant étoilé qui va s’offrir un de ses quatre grands crus classés de bordeaux : Fombrauge, à Saint-Emilion, La Tour Carnet, dans le Haut-Médoc, Pape Clément, à Pessac-Léognan, et Clos Haut-Peyraguey, à Sauternes.
La stature de Bernard Magrez est telle que la plate-forme Amazon Prime diffusera, à l’automne, un film documentaire de quatre-vingt-dix minutes qui lui est consacré. Le patron l’a visionné en juin. On ne sait ce qu’il en pense. Mais il doit en apprécier le titre, Ne jamais renoncer, qui est sa formule fétiche – il commercialise une bière portant le nom de Nunka − nunca signifie « jamais » en espagnol et en portugais.
On a voulu avoir l’avis de Bernard Magrez sur les ennuis du Bordelais, qui, pour reprendre une formule corsée de Jacques Chirac, volent en escadrille : surproduction de vin, ventes compliquées, arrachage de vignes, goût moins à la mode chez les jeunes séduits par la bière, concurrence étrangère accentuée… Il ne minimise pas tout cela. Mais se plaindre n’est pas le genre de ce jeune homme de 88 ans. Trouver des remèdes, oui. Il se dit confiant pour la région, « trop, peut-être », persuadé que les commandes vont repartir, « sans doute pas pour tout le monde dans la région ». Et s’il fait toujours quarante-cinq minutes de gym chaque matin, c’est pour continuer à travailler beaucoup et tout le temps. « C’est ma vie que d’avoir faim ! »
Il attaque par le sujet qui l’inquiète le plus : les Français boivent moins de vin. Il ne croit pas à un retournement de tendance. « Toute ma vie, j’ai eu peur d’être inscrit dans un marché qui se paupérise. J’y suis. » Il établit un lien avec un « hygiénisme en hausse » et le fait que la France brandit les dangers de l’alcool quand les autres pays producteurs, l’Italie notamment, font la promotion de leurs vignobles.
« S’adapter au goût des gens »
Si le consommateur boude le vin, il n’est pas question de lui taper sur les doigts – « le roi, c’est lui ». Bernard Magrez est persuadé que la seule voie est de « s’adapter au goût des gens » afin de grappiller une plus grande part d’un gâteau dont la taille se réduit. « Je n’aime pas ça, mais c’est la seule solution. » Sur ce terrain, il a déjà montré dans le passé qu’il excellait en lançant le whisky William Peel, le porto Pitters et le bordeaux Malesan, trois marques populaires.
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